La gestionnaire d’un bloc opératoire me dit « Christian, il me semble qu’il y a de l’argent qui dort ici. Je suis convaincue que nous serions en mesure d’être plus efficaces, gérer autrement et récupérer des liquidités à même nos inventaires ».
Afin de confirmer sa prétention, la gestionnaire suggère d’orienter nos efforts vers le matériel d’orthopédie. Nous avons donc élaboré un projet de gestion des stocks dans cette discipline et, plus spécifiquement, au niveau des plaques et des vis orthopédiques servant à réparer les fractures. La raison principale est que ce matériel possède un coût unitaire très élevé. Étant de petite dimension, ces plaques et vis sont entreposées dans des coffres rouges munis de plusieurs tiroirs comme on en retrouve généralement dans les ateliers de mécanique.
Une analyse de Pareto a été réalisée afin de déterminer quatre catégories de matériel basées sur la fréquence d’utilisation. Cela a permi de déterminer la classe A (20% du matériel utilisé 80% du temps), la classe B (environ 30% du matériel utilisé 15% du temps), la classe C (environ 50% du matériel utilisé 5% du temps) et la classe D, le matériel désuet. Le matériel désuet n’est pas nécessairement inutilisable. Il est en inventaire, mais n’a pas été utilisé depuis plus d’une année.
Tout comme vous pouvez le faire dans votre organisation, pour chaque composante en inventaire, c’est-à-dire chaque type de plaque et de vis, nous avons extrait du système d’information du bloc opératoire : le nom de chaque item, le coût unitaire, la quantité en main, la quantité utilisée au cours de la dernière année.
Grâce à ces informations et un fichier Excel, il a été possible de déterminer les quatre catégories de matériel et aussi déterminer la valeur de chaque classe. Il est toujours surprenant de constater la valeur de l’argent qui dort dans les inventaires des classes B, C et D.
Cette analyse de Pareto a permis d’identifier 100 000 $ de plaques et de vis dont ne se servaient plus les orthopédistes dans un des coffres. On ne s’en servait plus de ce matériel depuis plusieurs mois, voire quelques années. Comme si cela n’était pas assez, il y avait deux coffres comme cela. Imaginez! Près de 200 000 $ de matériel dormaient dans les coffres orthopédiques, seulement en plaques et vis.
En retournant du matériel aux fournisseurs et en vendant à des centres hospitaliers d’outre-mer, ce bloc opératoire a pu récupérer une très grande partie de ce montant et l’utiliser pour acheter certains équipements requis.
« C’était évident », direz-vous, « le réseau de la santé, c’est tout croche! », poursuivrez-vous. Ne lancez pas de pierre au réseau, c’est peut-être pareil dans vos inventaires!
Bon succès!
Christian Codère